Interview de Stéphane Da Costa et Floran Douay (republication du 25.03.2018)
Stéphane Da Costa (28 ans) et Floran Douay (23 ans) sont deux joueurs français du Genève Servette Hockey Club, en Suisse. Ils se sont livrés sur leur carrière respective, sur leur saison et sur beaucoup d’autres sujets. Au programme, questions communes et individuelles pour les 2 français du GSHC.
MyTotalSport : Quels sont les qualités de chacun sur la glace (croisé) ?
Floran Douay : C’est un joueur créatif, vachement offensif. Il sait marquer des goals et faire de belles passes. C’est un joueur qui crée, qui est aussi là pour jouer en powerplay et pour marquer des buts. C’est un joueur talentueux.
Stéphane Da Costa : C’est un joueur physique. Il a un bon patinage et il apporte de l’énergie sur la glace.
MTS : On vous a déjà vu jouer sur la même ligne cette saison. Comment jugez-vous votre complémentarité ?
SDC : Il travail fort et met de bonnes charges. Il me donne beaucoup de place avec le palais, donc il fait un bon boulot.
FD : Oui, c’est ça. Je fais un peu le sale boulot, je vais dans les coins. J’essaye justement de lui créer un peu d’espace pour qu’il crée des “turnovers”, pour qu’il récupère le puck et qu’il fasse le jeu qu’il a à faire.
MTS : Le hockey sur glace n’est pas encore bien développé en France. Comment expliquez-vous cela et comment le développer ?
SDC : J’espère que le mondial 2017 l’a développé un minimum. Après c’est difficile, par rapport au foot en France, il n’y a pas beaucoup de moyen. Après, le hockey c’est aussi un sport qui demande pas mal d’argent à investir sur les gamins. Je pense que ça grandit petit à petit, mais j’espère que le mondial a aidé et c’est important qu’on ait de bons résultats en équipe de France. Si l’on a plus de médiatisation, ça va aider la fédération et j’espère que ça va donner des idées aux parents, qu’ils amènent leurs gamins à la patinoire, car c’est un beau sport.
MTS : Comment jugez-vous le niveau de l’équipe de France, notamment du fait qu’elle n’ait pas participé aux JO ?
FD : Pour les JO, ça s’est joué à peu. Je pense qu’on méritait d’y aller. Après, on est dans une pente ascendante. On sait qu’on est pas une équipe de haut de tableau et on vit bien cette situation. On est un peu dans une position d’outsider. De génération en génération le niveau va augmenter et on va faire de meilleurs résultas. Par contre, il faudra vraiment que les générations futures “se bougent le cul”, car on a de bons leaders et que quand ils ne seront plus là, il faudra que des jeunes prennent leurs places et ça sera très difficile, parce qu’on sait que, sans très bons joueurs jouant dans de très bons championnats, l’équipe de France a du mal.
SDC : Je pense qu’en équipe de France, c’est vraiment la cohésion de groupe et le fait qu’on donne tout pour le maillot qui a fait qu’on a eu du succès les 10 dernières années. C’est un mélange de la philosophie d’avant, qui était de tout donner pour le maillot, plus les 10 dernières années. Durant ces années, on a vraiment augmenté notre niveau. On est meilleur dans l’aspect technique et les joueurs ont plus de talent, donc c’est pour cela qu’on a de meilleurs résultats. Mais avant tout, on mouille le maillot pour l’équipe de France et c’est la différence entre nous et les autres équipes.
MTS : Que pensez-vous des français de NHL ?
SDC : Ce sont de bons joueurs dans leur rôles. Après, ils ont un rôle un peu différent en équipe de France, mais ils y arrivent aussi.
MTS : Que dire de la saison du GSHC (8ème de la saison régulière) ?
FD : La saison a été assez compliquée. Après, “Steph” est arrivé en cours et moi j’étais là, mais je me suis blessé un moment. C’est vrai qu’elle a été assez compliquée au niveau des résultats, on a pas eu ce qu’on voulait. En dehors du sport, il y a eu pas mal de mouvements, de problèmes. En ce qui nous concerne sur la glace, on ne peut pas être satisfait de notre saison.
SDC : Il y a eu beaucoup de distractions en dehors de la glace, dans le vestiaires, etc. Il faut aussi comprendre qu’il y avait presque 10-11 blessés toute l’année. Donc c’était assez difficile de jouer avec la même équipe tout le temps, il fallait toujours jouer avec une équipe différente, c’est difficile. Mais il ne faut pas être content de ce qu’on a fait. Les 3 premiers matchs en playoffs (face à Berne, menés 3-0) ont été vraiment difficiles. Je trouve qu’on a fait des matchs pas mal, mais il y a des moments dans le match où l’on a eu des trous d’air et on l’a payé cash.
MTS : Quels sont les meilleurs joueurs avec qui vous ayez joué ?
SDC : C’est Erik Karlsson, à Ottawa. Sinon il y a pas mal de joueurs contre qui j’ai joué qui sont des vedettes. Comme Jaromir Jagr, Sidney Crosby tout ça, c’est quand même des gros joueurs. Avec qui j’ai joué et avec qui je me suis vraiment entendu c’est Alexander Radulov au CSKA Moscou. Il y a eu des bons joueurs.
FD : Moi, je n’ai pas eu la chance, comme “Steph”, de jouer dans des gros clubs comme lui. Donc je dirai “Steph » en premier. Après des joueurs comme Antoine Roussel ou Pierre- Edouard Bellemare (EDF) ou comme Kaspars Daugavins et Matthew Lombardi (GSHC). C’est ce que j’ai en tête à l’instant. Sinon j’ai fait pas mal de match contre des gros joueurs, mais moins avec.
Questions à Floran Douay :
MTS : Tu es né en France et a commencé le hockey là-bas. Comment en es-tu venu à jouer en Suisse et pourquoi être venu ?
FD : C’est simple. Je jouais à l’époque dans un club qui s’appelait le “Hockey 74” qui regroupait toute la région de la Haute-Savoie. On faisait le championnat suisse, mais un jour on a été viré de ce championnat. L’un des coach de Genève m’avait repéré et m’a proposé de venir. C’est à ce moment là que je me suis dit que pour ma carrière et mon développement, ce serait mieux d’aller dans un championnat étranger et c’est ce que j’ai fait.
MTS : Tu as, ces deux dernières saisons, connu des blessures. Comment arrives-tu à gérer cela, à revenir ?
FD : C’est difficile, très difficile, car je n’avais pas spécialement l’habitude d’être blessé et que là, ça a été deux grosses blessures de minimum 3-4 mois. C’est difficile pour le moral, car quand on est blessé, il faut tout retravailler. Après, on est des sportifs, quand on est blessé on va à la salle et on essaye de rattraper notre condition physique. Mon entourage a aussi été là pour m’apporter son soutien.
MTS : Est-ce que tu te vois jouer encore longtemps à Genève, toi qui y joue depuis les juniors, ou au contraire, aimerais-tu découvrir un nouveau club, un nouveau championnat ?
FD : Je ne sais pas. Là, je suis en fin de contrat et je n’ai pas encore pris de décision. J’adore ce club, c’est le club qui m’a formé, mais on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve.
Questions pour Stéphane Da Costa :
MTS : Tu es parti très tôt en Amérique du Nord. Pourquoi être parti là-bas plutôt que de te développer en Europe ?
SDC : J’ai eu la chance d’avoir eu ma chance là- bas. Mes parents n’avaient pas pu lâcher mon frère (Teddy) quand il aurait pu y aller et ils ont pu me lâcher quand j’ai eu mon opportunité et j’ai pu y aller. J’ai saisie ma chance et j’ai pas si mal réussi.
MTS : Tu es l’un des rares joueurs français à avoir joué en NHL. La NHL, c’est comment ?
SDC : Déjà, c’est la meilleure ligue du monde. La glace est plus petite, donc le jeu est assez différent d’en Europe, les zones offensives sont un peu plus grandes maintenant. C’est un jeu différent. Il n’y a pas de systèmes aussi stricts qu’ici. En Europe, le système est vraiment important, donc on ne peut pas vraiment comparer.
MTS : Tu as ensuite gouté à la KHL (Russie) et à la National League (Suisse) en Europe. Quelle est la meilleure de ses 2 ligues selon toi ?
SDC : Honnêtement c’est la KHL, je pense. Mais encore une fois c’est un jeu différent. En Suisse, je trouve que c’est un jeu plus direct, plus rapide, à la canadienne. Alors qu’en Russie, c’est vraiment à la Russe. Tout est vraiment organisé et ça joue plus technique, un peu plus lent, mais toujours organisé.
MTS : Ton avenir est encore flou pour la saison prochaine. Quels sont tes plans, tes envies ?
SDC : Pour l’instant je suis ici, à Genève. On a nos playoffs à faire, donc j’y penserai à la fin de l’année.
Propos recueillis par MyTotalSport lors d’une interview orale.
Photos : gallayphoto.ch