Interview de Paoline Ekambi (republication 09.03.2018)
Paoline Ekambi est une ancienne joueuse de basket française. Triple championne de France, médaillée à plusieurs reprises avec l’équipe de France, elle est l’une des légendes du basket féminin français. Elle fut la première française à aller jouer aux Etats-Unis et compte 254 sélections avec les Bleues. Zoom sur sa carrière de joueuse et sur sa reconversion bien réussie.
MyTotalSport : Vous êtes entrée très jeune en équipe de France. Comment avez-vous fait pour gérer cela ?
Pauline Ekambi : Avant d’intégrer l’équipe de France, j’ai été formée en sport-études à l’INSEP à l’âge de 14 ans 1/2, j’avais tout juste 1 an de basket. Heureusement, nous avons des coaches pour nous accompagner à développer nos capacités physiques et mentales. Je ne suis pas arrivée en Equipe de France senior, sans avoir d’abord fait mes preuves en équipe de France junior, ou nous avons été vice championnes d’Europe, et ensuite en championnat NF1 (actuelle LFB) ou nous avons été championnes de France avec le Stade-Français Paris (j’avais 17 ans 1/2), j’avais été nommée « Meilleure Espoir » dans la foulée. C’est à 18 ans que j’ai eu ma 1ère sélection en équipe de France senior.
MTS : Vous avez été la première joueuse française à partir en NCAA. Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté ?
PE : Cette expérience avait renforcé mon mental, et mon jeu. Mais pas seulement, j’ai eu la chance de pouvoir continuer de concilier sport et études universitaires tout en m’enrichissant d’une nouvelle culture, et d’améliorer mon anglais.
MTS : Vous avez goûté à 8 clubs français dans votre carrière. Quelle fut votre meilleure et votre pire expérience ?
PE : Mes meilleures expériences sont les titres bien sûr, et les mauvaises les défaites si je puis dire, sachant que les échecs sont plutôt riches en enseignements pour s’améliorer et progresser personnellement et collectivement. Du coup, je n’ai eu que de bon souvenirs partagés avec mes anciennes coéquipières.
MTS : Vous êtes triple championne de France. Qu’avez vous ressenti lors de chacun de ces 3 titres ? Le quel fut le plus important pour vous ?
PE : Les titres sont les résultats et la récompense de tant de travail et de sacrifices, c’est la raison pour laquelle la victoire à une saveur unique et exceptionnelle, qui plus est décuplée lorsqu’elle est partagée avec l’équipe, le staff technique/médical, tous ceux/celles qui oeuvrent dans l’ombre pour nous permettre d’atteindre les objectifs fixés, et le public.
MTS : Vous n’avez jamais gagné de titre avec l’équipe de France, malgré des deuxièmes places. Comment expliquez-vous cela ?
PE : Franchement, avec le recul ce fut des exploits de finir 2ème, surtout qu’à mon époque, le bloc de l’Est dominait largement le basket féminin, et à l’Ouest, les Italiennes. La FFBB avait mis en place une politique de formation pérenne et de qualité, avec l’INSEP où nous étions la 1ère promotion sport-études en 77, tout comme le travail des clubs, et l’apport des étrangères qui ont permis de renforcer le championnat de France. Ce qui fait que les résultats sont venus peu à peu jusqu’au titre de vice-championne d’Europe en 93 qui fut l’aboutissement de tout ce travail collectif. Notre 2ème place fut ressentie comme un bel exploit à l’époque, si on replace les choses dans leur contexte. Notre génération 93 a incarné le renouveau du basket féminin quelques années après nos aînées en 72. Le plus important, maintenant c’est d’avoir contribué à écrire l’une des plus belles pages de l’histoire de notre sport et d’avoir aussi laissé un héritage aux futures générations qui l’on largement fructifié depuis.
MTS : Vous êtes une véritable légende en équipe de France (2e en sélections et 3e aux points). Est-ce une fierté d’être parmi l’élite du basket français ?
PE : Les distinctions personnelles font toujours plaisir, mais surtout ne perdez pas de vue que nous sommes un sport collectif avant tout ! C’est tout de même grâce à mes anciennes coéquipières, et mes coaches que je les ai obtenues. Maintenant, ma plus grande fierté, c’est d’avoir vécu une aventure sportive et humaine unique. C’est aussi ce que le sport m’a apporté, qui me sert toujours aujourd’hui dans ma vie personnelle et professionnelle. J’aime à dire que le sport est une véritable école de la vie et de management.
MTS : Vous avez une longévité exemplaire lors de votre carrière. Quelle a été votre recette ?
PE : Le PLAISIR et la PASSION avant tout ! Ensuite le travail, bien sûr, le goût du challenge, la volonté de toujours vouloir me dépasser. Et enfin, un bon équilibre entre vie sportive et personnelle. J’ai également eu de la chance de ne pas avoir eu de blessure grave.
MTS : Vous avez une longévité exemplaire lors de votre carrière. Quelle a été votre recette ?
PE : Le PLAISIR et la PASSION avant tout ! Ensuite le travail, bien sûr, le goût du challenge, la volonté de toujours vouloir me dépasser. Et enfin, un bon équilibre entre vie sportive et personnelle. J’ai également eu de la chance de ne pas avoir eu de blessure grave.
MTS : Vous vous êtes superbement reconverti après le basket. Expliquez-nous ce que vous avez fait après la fin de votre carrière. Avez-vous appréhendé votre “après-carrière” ?
PE : Merci c’est très sympa, même si j’estime ne pas avoir encore atteint les objectifs fixés. Je n’ai pas attendu la fin de carrière pour mener mon projet de transition professionnel que j’ai géré en parallèle de ma carrière sportive. J’ai toujours su ce que je voulais faire. Par contre, ce que j’ai eu du mal a appréhendé c’est l’acculturation au monde de l’entreprise. Donc après ma carrière, j’ai d’abord créé mon entreprise, et je me suis fait escroquée. J’étais allée peut-être un peu trop vite vers l’entreprenariat alors que je manquais cruellement d’expérience. Ensuite, j’ai travaillé en entreprise dans différents domaines comme le conseil en MKG sportif, le management de carrière de champions(nes) et gestion de leur image, au sein d’un organisme international de formation professionnelle, dans le secteur public au sein d’une Collectivité Territoriale, et dans le domaine de la communication digitale. Ensuite, j’ai estimé que j’avais suffisamment appris au sein de l’entreprise pour relancer à nouveau dans l’entrepreneuriat. Mais avant ça, j’ai obtenu une Certification en Stratégie de Communication, Corporate Reputation à HEC en 2010 pour bénéficier des avancées récentes dans la Com, et une Certification de Community Manager. Depuis 2015, je suis Présidente Co fondatrice de la start-up du sport Sportail Community, et je suis intervenante en entreprise, au sein de Grandes Ecoles, etc…
Interview réalisée par TotalSport, via des questions-réponses à l’écrit.