Interview de Olivier Sarr (republication du 02.02.2018)

Olivier Sarr est un jeune intérieur français qui se développe en NCAA, dans la prestigieuse équipe de Wake Forest. Le joueur de 18 ans nous parle de sa saison en NCAA, de son incroyable université, de son développement en Caroline du Nord et de bien d’autres sujets.

MyTotalSport : Quels sont tes points forts et tes points à travailler ?

Olivier Sarr : Pour l’instant, mes points forts sont au niveau physique. Ce sont notamment ma taille (210 cm / 7-0) et ma rapidité. Comparé aux autres joueurs de mon poste, je dirais que je suis plus mobile et un peu plus rapide. J’ai aussi une très bonne adresse au tir et une bonne intelligence de jeu. Mes points faibles sont aussi physique. Je suis grand, j’ai beaucoup grandi, mais il faut que je me développe physiquement et c’est pour cela que je suis à Wake Forest.

MTS : Pourquoi avoir rejoint la NCAA plutôt que de continuer à te développer en France ?

OS : Pour moi, c’était important de continuer mon projet aux Etats-Unis. Scolairement, j’ai fait une terminale S avec mention “Très Bien” au BAC. C’était important de continuer sur le plan scolaire et sportif. Vivre l’expérience du collège et d’apprendre d’un très bon coach comme Danny Manning.

MTS : Tu as choisi Wake Forest malgré d’autres offres d’université américaine. Pourquoi avoir choisi Wake Forest plutôt qu’une autre ?

OS : J’ai choisi Wake Forest car c’est une “petite école” pour les Etats-Unis. Il n’y a que 4’400 étudiants et c’est une école privée. Il y a aussi un très bon programme au niveau du basket et comme je l’ai déjà dit, le coach Danny Manning. C’était un premier choix de Draft, il a joué à mon poste, il a joué en NBA pendant 15 ans, a beaucoup d’expérience et a prouvé qu’il savait coacher des intérieurs avec notamment John Collins qui fait sensation en NBA. C’est scolairement l’une des meilleure école du pays, c’est une business school et c’est cela que je veux étudier donc c’est vraiment un bon choix. C’est comme une famille ici et c’est vraiment ce que je recherche.

MTS : Des joueurs comme Chris Paul, Tim Duncan, Jeff Teague ou autre Muggsy Bogues sont passés par Wake Forest. Qu’est-ce que ça fait de savoir que tu passes après de tels noms ?

OS : Forcément ça fait rêver. A mon poste, quand on voit que Tim Duncan est passé par là, on se dit qu’on doit suivre l’exemple et essayer de faire pareil, même si c’est extrêmement compliqué. Ca fait rêver et ça donne envie de travailler plus dur que tout le monde.

MTS : Les universités américaines, c’est vraiment quelque chose de particulier. Peux-tu nous parler des infrastructures basketballistiques à Wake Forest ?

OS : Je pense que même en France, en Pro, ils n’ont pas ça. C’est incroyable. On a une salle de muscu qui est déjà énorme avec tout le matériel qu’un préparateur physique peut rêver d’avoir. Ils sont même en train de créer une autre salle de musculation. Ils n’arrêtent pas de construire même si c’est déjà incroyable ce qu’ils ont. Tout est au top niveau, ils ont les dernières technologies. On ne peut même pas imaginer, il y’a encore des trucs que je découvre. On a une salle pour les matchs, une salle d’entraînement, une salle de kiné, une salle de soin rénovée avec bains chauds, bains froids, soins, dernières machines pour récupérer… Il y a tout pour réussir.

MTS : Avec Wake Forest, vous avez mal commencé la saison, avant de faire une belle série de 7 victoires, puis vous avez, ces derniers temps, perdu beaucoup de matchs. Comment expliques-tu ce manque de constance ?

OS : Je pense que l’on a perdu beaucoup de matchs au début de l’année parce que l’on a eu beaucoup de départ dans l’équipe et beaucoup d’arrivées aussi. A notre âge, le jeu avec de nouveau coéquipiers reste quand même très nouveau. Les joueurs venant de High School doivent s’adapter au niveau du College, j’ai dû moi m’adapter au basket américain et à ma vie là-bas. Tout était nouveau pour moi et il fallait s’adapter. On a eu un moment d’adaptation avant de réussir à s’adapter comme vous l’avez vu. On a fait 7 victoires d’affilées et après on a joué face à des équipes “rankées” dans le top 25. On a joué face à Tennessee, là où il y’a mon ami Yves Pons, et face à North Carolina, match qui n’a pas été facile même si on a vraiment fait un bon match, on aurait dû le gagner celui-là. Le niveau et haut, mais il faut continuer comme ça, continuer les efforts comme on le fait. Comme il y a quelques jours à NC State, où l’on fait une bonne première mi-temps avant de lâcher à la fin et de perdre de 9 points. Il faut qu’on continue à multiplier les efforts et ça va payer.

MTS : Point très positif de cette saison, c’est ton temps de jeu. Tu es ces temps-ci très utilisé par Danny Manning  et tu as beaucoup de temps de jeu. Qu’est-ce que ça fait d’avoir une telle confiance et de jouer autant ?

OS : Je n’ai jamais douté de ça et c’est pour cela que je suis venu aux Etats-Unis. Pour un joueur comme moi, qui n’ait pas jouer à l’INSEP pour cause de problèmes de croissance, ça fait du bien de se dire que, malgré les blessures, je suis quand même au niveau et que dans la meilleure conférence du pays et même du monde pour notre âge, j’arrive à avoir du temps de jeu et de la confiance de la part de mon coach qui était l’un des meilleur joueur d’université et qui a eu une grosse carrière en NBA. Cela montre que le travail a payé et qu’il faut continuer à travailler pour confirmer tout ça.

MTS : Ces derniers temps, on t’a vu faire beaucoup de bon matchs et réaliser de grosses performances. Est-ce que tes objectifs de fin d’années et de potentielle prochaine(s) saison(s) en NCAA sont de tourner en double-double “points-rebonds” ?

OS : (rires) Alors ça, on ne peut pas dire non. Si on peut tourner en double-double tout le temps en match on ne peut pas refuser. Donc forcément oui, ce serait le but. Après, pour moi l’important c’est vraiment de gagner avec l’équipe et de donner tout ce que j’ai sur le terrain. S’il faut que je score peu, mais que je prenne 10 rebonds ou inversement, j’apporterai ce qu’il faut pour faire gagner l’équipe. Pour moi, les stats ne sont pas vraiment une priorité.

MTS : Parlons un peu du match contre l’université de Tennessee, qui est une grosse université et ton ami Yves Pons (interview sur notre site) qui y joue. Tu as perdu ce match, mais fait une grosse performance (7 points, 8 rebonds). Peux-tu nous raconter un peu ce match particulier ?

OS : Yves, c’est mon meilleur pote, on a d’ailleurs passé Noël ensemble après. On a pas pu faire les championnats d’Europe ensemble cet été et forcément on attendait ce match avec impatience. Quand on a rejoint nos universités et que l’on nous a dit qu’on allait jouer contre, on y croyait pas avant que le jour du match arrive. Quand tu rentres dans la salle pour t’échauffer et que tu vois ton pote à l’autre côté du parquet qui s’échauffe, ça fait drôle et c’était un match très spécial. On en parlait beaucoup et on se charriait un peu sur ce match. Ils ont gagné cette année (79-60) j’attends de voir l’année prochaine. Ca faisait vraiment plaisir de jouer contre lui.

MTS : Quels sont les objectifs du club pour cette saison ? Le March Madness est-il toujours d’actualité malgré un fin de calendrier difficile ?

OS : Bien sûr, bien sûr. C’est la NCC, donc tous les matchs vont être compliqués, mais le March Madness est toujours là. Comme je vous l’ai dit, il faut continuer de travailler dur et enchaîner les victoires en match. Il faut gagner les match maintenant, il faut gagner !

MTS : Tu penses forcément à la NBA. C’est prévu pour quand ? Vas-tu te présenter à une Draft ou continuer sachant que le plan scolaire est très important ?

OS : C’est une très bonne question. Pour l’instant je suis Freshman. Je travaille pour rejoindre la NBA. C’est mon but et c’est pourquoi je suis venu ici. Je ne vous cache pas que j’y pense et que je travaille pour cela tous les jours. Je ne peux pas dire pour l’instant pour quand c’est. Je n’en ai aucune idée. En tout cas, je me prépare pour et dès que je serai près on verra bien.

MTS : L’année prochaine un autre très bon basketteur français, Jaylen Hoard, va te rejoindre à Wake Forest. Que penses-tu de lui et de son développement en High School ?

OS : Quand j’étais à l’INSEP, Jaylen était l’un de mes meilleur pote avec Yves et on était tout le temps ensemble. Ces vraiment super qu’il puisse me rejoindre l’année prochaine. Là il est déjà à quelques kilomètres, donc on se voit beaucoup. Il fait une très grosse saison en High School, il joue vraiment bien. Je pense que c’est bien pour lui, il s’améliore et il faut qu’il prenne de la confiance pour être prêt pour l’année prochaine. J’espère qu’il n’aura pas besoin de trop de temps d’adaptation, même si c’est l’université et la NCC. Comme je vous l’ai dit, c’est vraiment des gros matchs que l’on enchaine les 2-3 jours. Je sais qu’il sera prêt. Il fait vraiment du bon boulot et est concentré sur ce qu’il fait et je suis content de lui.

MTS : Etant un français au milieu des américains en NCAA, ton  intégration s’est-elle bien passée ?

OS : Je pense que ces problèmes d’intégration sont faux. Ca dépend où et ça dépend des personnes. Comme vous pouvez le voir, j’ai du temps de jeu et la confiance du coach. Je m’entends très bien avec mes coéquipiers et tout ce passe vraiment super bien. Je n’ai pas eu de problème à ce niveau là.

MTS : On voit que la France se développe très bien en NBA et commence à le faire aussi en NCAA (Yves Pons, Olivier Sarr, Kevin Tillie…). Que penses-tu de ta génération ? Va-t-elle faire aussi fort que les précédentes ?

OS : Je pense que l’on a vraiment une très très bonne génération. On a pas encore réussi à être tous au complet sur une compétition, mais on a une très grosse génération. Quand on regarde Yves Pons, Jaylen Hoards, Ivan Février, Yannik Blanc, Sofiane Briki, Timothée Bazille et on peut même compléter l’équipe avec des 2000). On a vraiment un gros potentiel,. Maintenant, on commence à se rapprocher de l’âge adulte et tout le monde travaille de son côté. On a vraiment une génération prometteuse.

MTS : Avec l’équipe de France, tu as pas mal joué en jeune ces dernières années (U17 et U18). Qu’est-ce qu’on ressent quand on porte le maillot bleu, le maillot de son pays ?

OS : C’est une fierté. Porter le maillot de son pays c’est magnifique. C’est un rêve que tout jeune basketteur a en regardant la télé, en regardant les compétitions, en entendant parler de Tony Parker, de Nicolas Batum, de Boris Diaw. C’est un rêve et dire qu’on puisse porter ce maillot bleu et représenter ce pays dans une compétition c’est vraiment magnifique.

Interview réalisée par téléphone.