Interview de Michel Landreau (republication du 06.05.2018)
Michel Landreau est le président du club Français des Herbiers, évoluant en National (division 3). Le club a fait sensation tout au long de la Coupe de France 2018 en se hissant jusqu’en finale. Ce match prestigieux se disputera le 8 mai au Stade de France contre le Paris Saint-Germain. Apprenez-en plus sur la formidable aventure des Herbiers dans cette interview.
MyTotalSport: Avant de jouer la finale, quel bilan pouvez-vous tirer de cette super saison en coupe de France ?
Michel Landreau : Il nous manque un point pour se maintenir même si on tient la onzième place. C’est toujours un championnat difficile la National; il y a onze clubs qui se battait pour ne pas descendre, deux clubs sont déjà relégués, il reste une place et il faut surtout l’éviter. On retient également la performance de l’équipe durant cette deuxième partie de saison avec bien-sûr cette finale de Coupe de France qui est tout simplement sublime et extraordinaire.
MTS : Comment arrivez-vous à préparer/organiser cette finale de Coupe de France à l’échelle de votre club ?
ML : On est pris en charge par le PMU comme le “petit poucet”. On passe donc quatre jours à Clairefontaine (de samedi à mardi). On a toutes les installations de l’équipe de France: on est dans le château de Clairefontaine, on loge dans les appartements des joueurs de l’équipe de France et on dispose de tous les terrains pour s’entraîner. C’est exceptionnel pour nous, c’est un rêve qui se réalise.
MTS : Vous avez récemment réalisé une très bonne performance contre Laval en Championnat. Vous avez réussi à vous imposer 3-2 alors que vous étiez mené 0-2, ce qui démontre une très bon caractère de vos joueurs. Cela peut-il vous faire espérer un bon résultat le 8 mai contre le Paris Saint-Germain ?
ML : Disons que le résultat il est entendu d’avance, on gravira surement pas cette montagne infranchissable qu’est le PSG, après on a fait tellement de choses incroyables qu’on espère un résultat qui ne soit pas trop lourd et au moins de leur marquer un but. Ce qui serait déjà exceptionnel.
On a la moitié de la France qui est derrière nous car on est le “petit poucet”. On a eu 35’000 personnes à la Beaujoire pour la demie-finale, on a plus de 30’000 vendéens qui vont monter à Paris et avec tous les vendéens de Paris ça sera extraordinaire, ça va être une très belle fête.
MTS: Pouvez-vous expliquer cette folle épopée ou cela vient tout simplement du rêve ?
ML: Disons que ça c’est passé à Auxerre, lorsqu’en huitième de finale, on est allé jouer là bas, sous la neige, avec un club qui a un grand président (Francis Graille), un actionnaire chinois, une équipe qui n’avait pas perdu depuis début 2018 et qui était en pleine bourre. On s’était dit que l’aventure s’arrêterait là, mais on gagne 3-0. On fait un match d’exception, notre plus beau en coupe de France. Cela a donné du souffle et une dynamique à cette équipe qui, bien sûr, s’est pris au jeu et a vu qu’on pouvait passer les étapes. Le déclic d’Auxerre a lancé toute cette campagne pour arriver jusqu’à la finale.
MTS: Votre club s’est révélé très soudainement après justement cette victoire contre Auxerre. N’est-ce pas trop compliqué de gérer la pression qui est arrivé si rapidement, d’être projeté sous le feu des projecteurs ?
ML: Au départ on était pas habitué. Maintenant ça fait 3 mois, on a eu le temps de s’habituer. Là, ça se gère. On fait les conférences de presse, on a eu les portraits TF1, on passe ce soir sur J+1 (Canal+). Tout se passe tranquillement. Maintenant on a une bonne maîtrise, on est bien encadré et bien suivi.
MTS : Vous avez déjà connu quelques beaux parcours en Coupe de France depuis 2010. Comment expliquez-vous cela et comment cela peut-il vous servir pour la finale de cette année ?
ML : Pour la finale, cela nous servira peu. Ca va beaucoup plus nous servir pour la suite. Ca veut dire que le club de l’ombre est passé dans la lumière. Financièrement c’est très bien, pour avoir des partenaires et de nouveaux sponsors. On va pouvoir s’afficher et afficher de l’ambition.
MTS : Depuis votre arrivée à la tête du club en 2008, l’équipe n’a pas arrêté de progresser. Comment avez-vous réussi à réaliser cela ?
ML : Je l’ai fait professionnellement, j’ai développé une entreprise. Lorsque l’on reprend un club, on a de l’ambition pour ce club et on essaye d’y mettre des moyens, de fédérer une équipe, un staff, des bénévoles, sachant qu’il y en a 250 dans le club, il faut aussi gérer les partenaires, il faut aller en chercher de nouveau…. C’est un vrai travail de fond. On a fait un travail de fourmi plutôt que de faire un “one shot” rapide. On a construit cela année par année, dans le temps, progressivement pour arriver à faire ces 2 montées et cette finale de Coupe de France, qui est vraiment l’aboutissement de ces 10 années.
MTS : Les Herbiers représente la Vendée. Sentez-vous une grande attente de la part de votre département et de vos supporters ?
ML : C’est clair. On était supporté par un petit groupe d’Herbretais (Habitants des Herbiers), puis par le canton, puis par toute la Vendée, puis par une partie de la région. Donc, bien sûr, Les Herbiers ont trouvé leur lettre de noblesse dans cette Coupe de France.
MTS : En tant que président, est-ce que vous aviez rêvé de vous retrouver en finale de la coupe de France contre le PSG ou justement ça vous paraissait irréalisable ?
ML: Honnêtement, non, c’était irréel. Par contre, comme tous les clubs amateurs chaque année dès les 32ème de finale, le rêve est de rencontrer le PSG. Si on m’avait dit qu’on les rencontrerait en finale, j’aurais sourit, mais bien là ce n’est plus de la rigolade, c’est la réalité.
MTS : Un petit pronostic pour la finale du 8 mai ?
ML : Non, aucun pronostic. Je ne fais aucun pronostic.
Interview réalisée par MyTotalSport, via des questions-réponses par téléphone.