Interview de Jordy Delem (republication du 16.08.2018)

Jordy Delem, milieu défensif des Sounders de Seattle s’est confié à MyTotalSport. Le joueur martiniquais de 25 ans nous a parlé de la MLS, de son équipe de Seattle, de sa sélection et de bien d’autres sujets.

MyTotalSport : La MLS se développe bien, avec de plus en plus de joueurs étrangers et américains prometteurs qui y jouent. La MLS peut-elle devenir l’un des meilleurs championnats du monde ?

Jordy Delem : Je ne sais pas si elle peut devenir l’un des meilleurs championnats du monde, je n’en suis pas sûr, en tout cas pas pour le moment. Après, c’est vrai que la MLS  a beaucoup progressé. J’ai notamment pu observer le changement entre l’année dernière et cette année. Comme vous l’avez dit, ils recrutent de plus en plus de joueurs étrangers ce qui fait que le niveau augmente. Ils recrutent aussi de meilleurs coachs et on peut voir que les équipes ont de meilleurs niveaux chaque années. Dans les années à venir, je pense que le niveau va encore augmenter, car il y a de nouvelles équipes et de nouveaux joueurs qui vont arriver et ce sera une bonne chose.

MTS : Tu peux et tu as déjà joué défenseur droit, milieu défensif ou même défenseur central. Quel est, selon toi, ton vrai poste ?

JD : Pour moi, c’est milieu défensif, devant la défense. Après, cela dépend des tactiques que le coach utilise, mais j’aime aussi bien jouer défenseur central.

MTS : Début 2016, tu as participé à une détection pour la MLS. Racontes-nous comment cela s’est passé.

JD : C’était une détection pour plusieurs jeunes de la Caraïbe et cela s’est passé en Martinique. Le coach de l’équipe II de Seattle était responsable de cette détection. Ça s’est bien passé pour moi. Il devait retenir trois joueurs et le meilleur des trois était sensé partir à Miami pour faire une autre détection pour les clubs de MLS. Je n’étais pas le premier, mais le deuxième. Celui qui devait partir à la détection à Miami a eu un problème de passeport, donc il n’a pas pu partir, mais le coach de l’équipe de Seattle me voulait directement pour son équipe. Il m’a donc fait comprendre que ce n’était pas la peine que j’aille à la deuxième détection, car il voulait me signer directement. Je n’ai donc pas eu besoin de faire un deuxième essai pour Seattle et j’ai signé. C’est ce qui fait que je suis là aujourd’hui.

MTS : Pour ta première saison aux Etats-Unis, tu as joué en USL, avec la réserve de Seattle. Qu’est-ce que cela t’a apporté ?

JD : Je ne connaissais pas vraiment, donc ça m’a permis de découvrir l’Amérique, le football (soccer) américain et surtout de m’adapter. Ça m’a aussi permis de faire mes preuves pour pouvoir signer en équipe première après.

MTS : En 2017, tu réalises une superbe saison avec ton club, mais tu échoues en finale des playoffs contre Toronto. Comment as-tu vécu cette défaite si cruelle en finale ?

JD : Forcément, quand tu perds comme cela, c’est dur. En plus, je crois qu’on a fait le pire match de notre saison en finale donc c’est encore plus dur, mais je crois que le staff a aussi reconnu ses erreurs. Mais de toute façon, il n’y a pas le choix. Il faut se remettre au travail et essayer de faire mieux l’année suivante. Mais franchement, comme vous l’avez dit, c’était vraiment une grosse déception après la saison qu’on avait faite.

MTS : Le 20 avril dernier, tu as marqué ton premier but avec Seattle, en MLS, sur une superbe action de ta part. Qu’as-tu ressenti après ce but, en célébrant notamment ?

JD : C’était bizarre (rires). À la base, le coach m’avait fait rentrer pour fermer la maison, parce que l’on menait et que le match était presque fini. Après, il m’avait dit que s’il y avait une opportunité d’aller de l’avant je pouvais y aller, mais j’étais rentré pour fermer. Donc c’est ce que j’ai fait et au final je marque ce but. C’est un moment exceptionnel, assez indescriptible. Tu ne sais pas quoi faire quand tu marques, tout te vient en tête. Tu veux célébrer, mais en même temps tu n’as pas d’idée (rires), surtout que je n’ai pas trop l’habitude de marquer. En plus, à domicile, devant nos supporters, c’était vraiment quelque chose d’exceptionnel. Je pense que ça a été une récompense pour moi, par rapport au travail acharné que je fourni.

MTS : Au début de la saison 2017-2018, tu étais assez peu utilisé par ton coach, avant de l’être beaucoup plus et maintenant, tu l’es à nouveau un peu moins, tu n’es pas toujours titulaire. Comment vis-tu ces changements de statut, la concurrence est-elle rude ?

JD : A vrai dire, ce n’est pas vraiment un changement de statut, ici, c’est assez bizarre. Il faut savoir être présent quand le coach a besoin de toi. Après, c’est vrai que la concurrence est rude, car il y a notamment le capitaine qui joue à ma place ou encore Gustav Svensson qui sort de la Coupe du Monde, donc ils vont forcément jouer. Après il faut travailler dur pour être présent quand on a besoin de toi, il faut rester focus, même si parfois j’avoue que c’est difficile, mais bon, ça fait partie du métier. Moi, je continue de travailler dur pour que si jamais une opportunité se présente, notamment pourquoi pas de changer de club à l’avenir, je la saisisse.

MTS : Nous avons aussi remarqué que tu avais l’air très proche et très apprécié des fans. Est-ce que c’est important, pour toi, de leur montrer de la reconnaissance ?

JD : Oui. Sincèrement, je pense qu’à Seattle, nous avons le deuxième meilleur public de MLS, après Atlanta. Je trouve que les fans, ici, sont exceptionnels. Les fans sont très proches des joueurs et nous sommes souvent en communication avec eux, donc c’est bien de leur rendre la pareille. Ça montre que nous apprécions leur soutien et que nous sommes aussi là pour eux. Je pense que c’est mieux quand ça se fait comme cela et c’est quelque chose de très appréciable des deux côtés. Ça leur fait plaisir.

MTS : Tu joues avec quelques-uns des meilleurs joueurs de la MLS. Je pense à Stefan Frei, Román Torres, Nicolas Lodeiro ou Clint Dempsey. Que t’apportent-ils et qui est le meilleur joueur entre ces-derniers ?

JD : Comme vous l’avez dit, nous avons un groupe fourni ce qui fait qu’on a une bonne concurrence et c’est important. Ça permet d’améliorer le niveau de l’équipe et c’est aussi ce qui fait que l’on a une bonne équipe. On a de très bons joueurs et de très bons internationaux à tous les postes et je suis assez proche d’eux. On parle souvent, ils me donnent des conseils et je pense que ça me permet d’évoluer et d’avoir un peu de confiance. Ça fait toujours plaisir de recevoir des conseils de plus grands, de joueurs qui ont embrassé une grande carrière, de bonnes carrières, comme Dempsey ou les autres internationaux, qui sortent de la Coupe du Monde. Forcément, cela permet d’acquérir un peu d’expérience aussi.

Pour désigner le meilleur, je dirai qu’il y en a plusieurs, je ne peux pas sortir un meilleur du lot. Ils sont tous bons à différents niveaux et ce serait assez compliqué d’en sortir un. En plus, cela dépend de leurs postes et ça serait difficile à comparer.

MTS : Petite question sur la saison en cours. Vous connaissez une saison assez compliquée, mais restez dans le coup pour les playoffs. Quel est l’objectif des Sounders de Seattle cette année ? Le titre ?

JD : Oui, l’objectif est toujours le même. C’est vrai que l’on a connu un début de saison difficile, parce que l’on a joué la CONCACAF Champions League, on a eu beaucoup de blessés, de suspendus, on a aussi les joueurs partis à la Coupe du Monde, donc ça fait quand même beaucoup. On a surtout repris assez tôt par rapport à l’année d’avant, car on est arrivés en finale. Il n’y a pas eu beaucoup de repos. Mais on a su se reprendre depuis quelques temps, on obtient de bons résultats et l’objectif principal reste d’aller en playoffs et après de gagner, d’aller le plus loin possible.

MTS : Tu es né en Martinique et tu les représentes en équipe nationale. Que ressens-tu quand tu portes ce maillot ?

JD : Oui, c’est forcément une fierté de jouer pour son pays et ça montre aussi qu’il y a une certaine confiance de la part du sélectionneur et il faut rendre la pareille. C’est quelque chose d’extraordinaire.

MTS : Pour ta première sélection avec la Martinique, tu marques un but lors d’un match nul 2-2 face au Guyana. Comment as-tu vécu ce but ?

JD : Ça fait forcément plaisir de marquer, en plus pour sa première sélection. J’étais assez satisfait ce jour-là et c’est un moment que je ne vais pas oublier.

MTS : La Martinique progresse bien ces dernières années et  peut compter sur quelques joueurs de très bonne qualité. Quels sont les objectifs pour ta sélection nationale ?

JD : C’est vrai que depuis quelques années, notre groupe vit bien et on peut avoir l’apport de plusieurs joueurs qui jouent en Europe, par exemple. Je pense que l’on a un bon groupe. Chaque année, l’objectif reste le même, c’est de se qualifier pour la Gold Cup et essayer, pourquoi pas, de gagner la Caraïbe Nations Cup. L’objectif principal est de se qualifier pour la Gold Cup, c’est un peu notre Coupe du Monde à nous et on a les moyens et les joueurs pour y parvenir.

Interview réalisée par MyTotalSport, via des questions-réponses par téléphone.