Interview de Jean-Claude Billong (republication du 16.12.2017)
Il a joué la Ligue des Champions face à Liverpool et Séville et est en quête d’un titre avec le NK Maribor. Mais avant cela, Jean-Claude Billong a vécu un début de carrière peu banal qui l’a amené à plusieurs échecs. Aujourd’hui il se retrouve face aux meilleurs joueurs d’Europe, en jouant la Ligue des Champions. Le défenseur français nous parle de tout cela !
TotalSport : Peux-tu nous parler de ton début de parcours spécial, avec, notamment, des échecs aux États-Unis et au Portugal?
Jean-Claude Billong : J’ai commencé à Créteil et suite à un déménagement de ma mère je suis aller à Mantes-la-Jolie (FC Mantois 78) où j’ai fait mes débuts en CFA. Ensuite j’ai reçu diverses propositions et l’opportunité des Etats-Unis est tombée, j’ai donc décidé d’y aller. Malheureusement je n’ai pas pu aller en université à cause de mon niveau d’anglais. Finalement je me suis retrouvé à Los Angeles, puis aux New York Red Bulls où j’ai eu l’occasion de m’entrainer avec les pros à plusieurs reprises. Mais par la suite, j’ai dû retourner en Europe car il y avait un nombre de joueurs étrangers à ne pas dépasser dans chaque club de MLS. Je devais alors signer en 1ère division hollandaise, mais ça ne s’est pas fait, je me suis donc retrouvé au Portugal où j’ai dû résilier mon contrat après 3-4 mois à cause de mauvais ‘’business’’ avec les agents. J’ai alors joué quelques mois en amateur dans un club de Normandie, puis j’ai reçu des offres de CFA et du club slovène Velenje, où j’ai signé.
TS : Le championnat slovène n’est pas le plus réputé en Europe, comment es-tu atterri en Slovénie, qu’est ce qui t’a attiré dans ce championnat ?
JCB : L’année dernière je recherchais un club, j’ai reçu plusieurs offres, mais mon but n’était pas de faire des stages tout l’été donc j’ai fais un stage d’une semaine au NK Rudar Velenje (1ère division slovène) et ils ont été satisfaits. J’ai ensuite fait un bon début de saison et d’autres offres sont arrivées.
TS : Comment s’est passée ta première saison en Slovénie (2016-2017) ? Est ce que l’adaptation a été facile ? Peux-tu nous parler du style de jeu de la Prva Liga ?
JCB : Je n’ai eu aucun problème avec l’adaptation et ils (coéquipiers, staff,..) m’ont très bien intégré aussi. J’ai pu enchainer les matchs, ça m’a donc permis de mieux m’intégrer. Dans ce championnat, il y a un style de jeu très direct et ça bagarre beaucoup. C’est un jeu des balkans, donc c’est le challenge et la bagarre. Ils ont beaucoup de caractère et j’aime bien ce style.
TS : Après une excellente saison avec le NK Rudar Velenje, Maribor remporte le titre puis te recrute. Qu’est ce que ça fait de signer dans un club dominant en Slovénie et qui joue la Ligue des Champions ?
JCB : C’est très satisfaisant, cela prouve qu’ils ont vu des qualités en moi. Au niveau du club j’ai vu un gros changement, c’est très structuré et il y a un style de jeu très précis. Ce transfert m’a permis de jouer avec des joueurs de haut niveau et de m’améliorer sur certains points, aujourd’hui je continue de progresser et c’est très bien pour moi.
TS : Cette année tu as affronté Liverpool et Séville en Ligue de Champions, deux des meilleures équipes européennes ces dernières années. Comment fait-on pour être prêt le plus vite possible pour ce genre de match ?
JCB : Pour mon premier match au très haut niveau, à Séville, je savais que je ne devais pas faire le timide et que je devais être résistant dans chaque intervention. Plus le match avançait et mieux ça allait, mais il faut se dire que si tu fais une erreur ça va très vite après. Il faut être très concentré jusqu’à la fin du match pour éviter le genre d’erreur qui coûtent cher à ce niveau-là.
TS : Vous n’avez malheureusement pas réussi à vous qualifier pour la suite de la compétition, malgré tout que retiens-tu de cette magnifique expérience ?
JCB : Je retiens du positif de cette première expérience en Ligue des Champions, on a réussi à montrer qu’on méritait de jouer dans cette compétition. On va encore essayer de progresser pour être meilleurs si on a l’occasion de rejouer la Ligue des Champions dans les années à venir.
TS : Tu vas bientôt avoir 24 ans et il te reste encore de belles années devant toi. On sait que quelques clubs européens te scrutent, dans quel championnat/club souhaiterais-tu aller ?
JCB : En tant que joueur costaud qui aime le ballon et comme tout joueur de football je rêve d’aller en Angleterre, je suis vraiment passionné par ce championnat. J’aime bien la Bundesliga (Allemagne) également. Les profils de Boateng et Hummels me plaisent beaucoup. Le style de jeu y est aussi très intéressant, ils sont très forts tactiquement. L’Allemagne et l’Angleterre c’est vraiment le top. Mais il n’y a pas vraiment de club qui me fasse rêver en particulier, toutes les offres sont bonnes à prendre. Après il faut réfléchir.
TS : C’est la mi-saison en Slovénie, après 18 matchs vous êtes leaders et n’avez perdu qu’un seul match, qu’est ce qui fait votre force cette saison ?
JCB : On est très physique par rapport aux autres équipes et on montre un fort caractère à chaque match. Si il y a un match où on est moins bon, on s’en sort malgré tout grâce à l’envie et à la mentalité.
TS : L’objectif, c’est de tout gagner en Slovénie pour partir dans un championnat mieux coté après ?
JCB : Je pense d’abord à l’équipe, l’objectif premier de Maribor est effectivement de tout gagner. Et si on gagne, si on est serein et qu’on remporte le titre, alors on peut penser aux objectifs personnels. Mais pour ma part je pense toujours à l’équipe en premier.
TS : On sait que tu étais le premier joueur noir de l’histoire du NK Rudar Velenje et que tu as eu quelques problèmes lié à ça, notamment en Bosnie. Peux-tu nous parler de ton expérience par rapport au racisme ?
JCB : J’ai connu le racisme lors de mon premier match de championnat avec le NK Rudar Velenje. Un joueur de l’équipe adverse est venu vers moi et m’a dit: “Retourne dans ton pays, on veut pas de toi ici.”, mais moi ça m’a fait rire parce qu’il ne m’intimidait pas du tout, il était tout petit et maigre. En plus mes coéquipiers m’ont défendu et protégé. La deuxième fois c’était en Bosnie, c’est très chaud là-bas, les supporters m’insultaient. Ce sont des choses qu’on entend souvent donc ça ne m’a pas déstabilisé. Le racisme fait partie du football et c’est très dommage.
Interview réalisée par TotalSport, via des questions-réponses à l’oral.Photos tirées de zimbio.com et de Lindkedln