Interview de Hugo Nys
Pour cette interview, c’est Hugo Nys qui s’est livré à MyTotalSport. Le tennisman de 28 ans nous a parlé de sa carrière en simple et en double, de son grand-père, de Wimbledon, des frères Bryan et de bien d’autres sujets.
MyTotalSport : Tu as, l’année dernière, mis ta carrière en simple entre parenthèses. Pourquoi avoir fait cela et pourquoi avoir repris cette année ?
Hugo Nys : J’ai mis quelque peu ma carrière entre parenthèses, car je suis monté assez haut en double. Mon classement en double et mon classement en simple ne correspondaient plus. Je suis rentré dans les 100 meilleurs en double, ce qui m’a permis de faire les gros tournois, les Grand-Chelem, les ATP 250… et je n’avais pas le classement en simple pour faire ces tournois là. J’ai dû faire un choix entre aller sur ces gros tournois prestigieux, gagner de l’argent ou continuer en simple à faire Futures et Challengers. Pour moi, le choix était assez vite fait. Je joue au tennis pour faire des Grand-Chelem et j’apprécie beaucoup le double. Du coup, logiquement, mon classement de simple a chuté, puisque je ne jouais plus. C’est pour cela que j’ai mis ma carrière en simple entre parenthèses l’année passée.
J’ai repris cette année, car grâce aux nouvelles règles ATP, j’ai pris quelques points en simple l’année dernière en me qualifiant dans un Challenger. Avec la nouvelle règle de début janvier, j’ai été classé dans le Top 800, ce qui m’a permis de rentrer dans un Challenger où j’ai très bien joué en début d’année. Je me trouve maintenant aux environs du Top 400 (ndlr : 338e aujourd’hui) et je fais beaucoup de Challenger en double. Les tableaux de simple en Challenger étant plus gros, je peux m’aligner dans certains Challenger, notamment à Bordeaux (29 avril au 5 mai) et à Aix en Provence (6 au 12 mai). Je joue donc en simple quand je rentre dans le tableau. Chaque semaine je m’inscris en simple, mais ne rentre pas toujours. Là, avec cette règle, ça rentre de temps en temps. Quand je peux jouer en simple, je joue.
MTS : Dans quel format prends-tu le plus de plaisir, en simple ou en double ?
HN : Ca serait difficile de choisir. C’est vraiment deux disciplines différentes. Le double est très passionnant et amusant, mais aussi anxiogène, avec le format du point décisif à 40-40 et du Super Tie-Break au troisième set. Il y a des moments où ça fout les boules. Ce qui est cool, c’est d’avoir un peu de simple de temps en temps pour pouvoir respirer. C’est différent, on est tout seul sur le court, il n’y a pas les règles anxiogènes du double, donc ça permet de respirer un peu et de se relâcher. Le fait de jouer en simple, c’est top, parce que derrière, en double, on arrive un peu plus serein et détendu.
MTS : Tu as joué avec beaucoup de joueurs dans ta carrière de double, comment trouve-t-on le bon ?
HN : Ca dépend des affinités, mais c’est aussi des hasards. On se dit : “Tiens, pourquoi ne pas faire ce tournoi ensemble.” Des fois cela se passe bien et on enchaîne, on fait quelques mois ou quelques années ensemble. Au contraire, quand cela ne se passe pas bien, on ne fait que deux tournois, on se rend compte que ça n’a pas marché et on ne continue pas. C’est tout simplement des contacts et de la communication. C’est aussi plus facile de jouer avec des personnes que l’on apprécie.
MTS : As-tu un partenaire avec lequel cela s’est le moins bien passé ?
HN : Non, je n’en ai pas. Ca s’est toujours plutôt bien passé, même si certaines fois, les résultats n’étaient pas au rendez-vous. Niveau ambiance et entente, il n’y en a jamais eu. Beaucoup plus de bonnes surprises que de mauvaises.
MTS : Tu t’es forgé un beau palmarès sur le circuit Challenger, en double. Quel est ton plus beau titre, ton plus beau souvenir ?
HN : J’en ai gagné plusieurs sur le circuit Challenger, mais pas non plus un million. Pour l’instant, en terme de titre, c’est le premier que j’ai gagné, en 2013. C’était avec Fabrice Martin et on aime bien en reparler. On avait gagné à Mouilleron-le-Captif, un gros Challenger en étant Wild Card, donc pas du tout favoris. On avait joué la finale devant un public complètement acquis à notre cause, dans un stade remplis, donc ça nous a marqué. On en rigole encore aujourd’hui, même si ce n’est pas non plus Roland-Garros. En tout cas, on en a gardé un bon souvenir. C’est mon meilleur souvenir en Challenger, mais j’en ai d’autres en dehors des Challenger.
MTS : Tu as joué tous les Grand-Chelem, ainsi que le Masters 1000 de Monte Carlo, en double. Quel est le tournoi que tu préfères ?
HN : Il y en a deux, je dirais Monte Carlo et Wimbledon. En plus, c’est les deux où j’ai eu les plus beaux souvenirs sur des gros tournois. J’ai fait la demi en double avec Romain Arneodo en 2017 à Monte Carlo, suivi des huitièmes en étant qualifié à Wimbledon. C’est vraiment à ces deux endroits que je préféré jouer.
MTS : Tu as, assez récemment, affronter les frères Bryan, véritables légendes du double. Peux-tu nous raconter cela ?
HN : Je les ai joué deux fois. A Delray Beach en début d’année et à Monte Carlo en 2018. A Monte Carlo, on avait même eu 2 balles de match. Personnellement, c’est des mecs que j’admire énormément, qui en plus sont très sympas. C’est très impressionnant de les jouer. C’est très atypique, ces deux jumeaux qui ont un palmarès hors-norme. En plus, ils arrivent encore à être dans les meilleurs mondiaux, Mike est numéro 1 mondial à 41 ans. C’est clairement mes idoles du double. Après, une fois sur le court, on essaye d’oublier tout ça et on joue à fond. Le double nivelle beaucoup, donc il y a toujours match. Maintenant, on sent qu’en terme d’automatisme, ils ont une marge par rapport aux autres. Ils se connaissent par coeur, sont connectés et ça, c’est très impressionnant.
MTS : En parlant de joueurs qui ont pu t’impressionner, tu connais bien Denis Shapovalov et Felix Auger-Aliassime. Peux-tu quelque peu nous en parler ?
HN : Denis a explosé un peu plus tôt que Felix, mais aussi très rapidement. Il a une marge de progression encore énorme, n’a que 21 ans. Il peut encore beaucoup progresser sur terre battue. Felix, lui aussi est très jeune et impressionnant physiquement, de lucidité et de maturité. Ils vont faire très mal dans le futur et en plus sont super sympas, ont la tête sur les épaules, donc c’est agréable.
MTS : On a vu sur Instagram une photo de ton grand-père à Roland-Garros. Peux-tu nous en dire plus ?
HN : Mon grand-père Francis Nys était joueur de tennis dans les années 50. Il y avait moins de joueurs à l’époque, mais il était tout de même dans les meilleurs français. Il a ensuite organisé beaucoup d’exhibition avec McEnroe, Bahrami Noah ou Connors. C’était un amoureux du tennis qui a transmis cela à mon père et à moi. Je perpétue un peu la tradition familiale (rires).
MTS : Tu représente maintenant Monaco à la Coupe Davis. Pourquoi ce choix et quels sont les objectifs de l’équipe ?
HN : Cela fait cinq ans et demi que je m’entraine à Monaco. La fédération monégasque de tennis me permet de m’entrainer, m’a beaucoup aidé, en m’offrant des Wild Card à Monte Carlo notamment. C’est ma structure. Maintenant, je suis sous le drapeau Monégasque et je peux un peu leur rendre ce qu’ils m’ont donné. C’est donc un choix plutôt naturel. On est une petite nation, en Division 3 après les réformes en Coupe Davis. Ce qui nous intéresse, c’est de monter le plus vite possible. Maintenant, avec les nouvelles formules, nous sommes un peu tributaires des décisions, chaque année, de l’ITF. Après, la réalité sera sur le terrain, en septembre en Grèce et l’objectif est de gagner tous les matchs pour ne pas avoir de regret.
MTS : On a regardé quelques uns de tes matchs en simple et on a vu que tu es un joueur très offensif, qui va beaucoup à la volée. Ca change de beaucoup des joueurs qui marchent aujourd’hui en jouant beaucoup au fond de court. Penses-tu que le jeu offensif, le beau jeu, peut aussi marcher ?
HN : C’est vrai que je monte plus à la volée que les autres, même si je n’y vais pas tout le temps. Mon jeu est un peu plus varié. Est-ce que ça peut marcher ? Et bien oui. Moi je m’inspire de Federer, donc oui, c’est un ultra offensif. Il avait un peu reculer il y a quelques années, mais quand il a décidé de repasser à l’offensive, ça a fonctionné. Je pense que ce sera toujours un style de jeu à l’heure du jour et qui fait mal. Maintenant c’est vrai qu’il y en a un peu moins, mais oui, ce sera toujours efficace.
MTS : Tu as fait un très beau Challenger à Bordeaux, la semaine passée, en embêtant Tsonga en simple et en allant en finale du double. Quelles conclusions en tires-tu ?
HN : C’est sûr que la semaine est très positive, même si je suis un compétiteur et que je préfère rentrer avec le trophée du vainqueur. Maintenant, c’est vrai que je n’avais pas prévu de jouer en simple à ce tournoi. Je me qualifie, passe quelques tours et sors contre Jo (Tsonga) en faisant un bon match. En double, on fait finale en faisant quelques bons matchs. Si je dois comparer entre le positif et le négatif, il y a énormément de positif et très peu de négatif. Cette semaine restera comme l’une des meilleures de l’année et va me faire du bien pour la suite. Je vais en garder un bon souvenir, c’est un superbe tournoi.
Merci à Hugo Nys pour le temps qu’il nous a accordé pour cette interview. Toute l’équipe de MyTotalSport lui souhaite le meilleur pour la suite de la saison.
Interview réalisée par MyTotalSport, via des questions-réponses par téléphone.