Interview de Fantine Lesaffre (republication du 17.10.2018)

Fantine Lesaffre, championne d’Europe p2018 de 400 mètres 4 nages, s’est livrée à MyTotalSport dans notre première interview traitant de natation. Au programme, ses débuts, son titre de championne d’Europe et même ses futures ambitions. Zoom sur Fantine Lesaffre !

MyTotalSport : Tu nages dans beaucoup de spécialités différentes et est performantes dans celles-ci. Comment choisi-t-on dans lesquelles concourir et comment s’entrainer ?

Fantine Lesaffre : On s’entraîne depuis très jeune et on se rend compte très vite des qualités que l’on a dans telle ou telle course. On a plus de facilités à faire l’une ou l’autre en fonction de ce qu’on fait à l’entraînement et du physique qu’on a. En fait, on ne choisit pas vraiment notre spécialité, c’est plus la spécialité qui nous choisit, ça se fait naturellement. Dès qu’on trouve ce qui nous convient le mieux, c’est là qu’on se met à le travailler réellement à l’entraînement pour pouvoir performer sur cette course là.

MTS : Tu es la nièce de Bruno Lesaffre, ex-nageur professionnel, la fille d’un maître nageur et toute ta famille est dans le monde de la natation. La natation, c’est une histoire de famille ?

FL : C’est tout à fait ça. Ma grand-mère avait une piscine à son nom. Mon père, mes oncles et mes grands-parents ont tous nagé, du coup ça c’est fait un peu naturellement. Mon père était maître nageur, donc il m’a appris à nager très jeune. Après, je n’ai pas commencé très jeune la natation sérieuse. J’ai commencé vers l’âge de 13-14 ans, ce qui est plutôt vieux. Au départ ce n’était pas du tout ce que je voulais faire, mais mon père a insisté un petit peu, parce que lui le faisait. Au début je le faisais pour lui faire plaisir et je faisais aussi de l’athlétisme en même temps. J’ai fait cela quelques années et après il a fallu choisi, car ça devenait compliqué de tout enchaîner. J’avais choisi la natation pour faire plaisir à mon père et je ne regrette pas mon choix, parce que aujourd’hui ça a payé et ça a plutôt bien marché.

MTS : En 2016, tu participes aux Jeux Olympiques de Rio, mais tu ne réussi pas à vraiment te distinguer. Que gardes-tu de cette expérience ?

FL : Les Jeux Olympiques, c’est énorme ! On ne se rend pas compte de cela à la télévision, mais nous on vit les Jeux de l’intérieur. On est dans le village, on rencontre tous les plus grands sportifs du monde de n’importe quel sport, on les rencontre dans le village, on les côtoie. J’ai mangé à côté de Michael Phelps, par exemple, ou même de pleins d’autres athlètes, donc c’est quelques chose d’énorme. Après, je ne retiens que des bonnes expérience de là-bas. Même si je n’ai pas performer, j’ai pu engrainer beaucoup d’expérience, nager avec les plus grands et commencer à gérer mon stress. Je ne regrette pas toutes ces années où je n’ai pas forcément performé, car ça m’a mené où j‘en suis aujourd’hui. Ca m’a permis de gérer la pression, que ce soit en séries ou en finale.

MTS : Aux championnats d’Europe 2018 à Glasgow, ta plus grande performance à l’heure d’aujourd’hui, tu gagnes le 400 mètres 4 nages. A l’arrivée, quand tu te rends compte que tu remportes ce titre, à quoi tu penses, tu arrives à réaliser ?

FL : Honnêtement, je ne me souviens pas de grand chose. Quand j’arrive et que je touche, j’entends tout le monde crier, je vois mes amis en train de pleurer dans les gradins, je vois que j’ai fait un super chrono et que j’ai fait première, j’ai mon amie italienne (ndlr : la nageuse Ilaria Cusinato, deuxième du 400 mètres 4 nages à Glasgow) qui me prend dans ses bras à l’arrivée… Je ne me souviens pas de grand chose, on ne réalise pas du tout ce qui se passe, en tout cas pour ma part. C’était mon premier titre et je ne réalisais rien du tout sur le moment. J’ai dû attendre de me calmer et la fin de la compétition pour pouvoir relâcher la pression et pour me rendre compte de ce que j’avais réaliser. C’était vraiment après coup que j’ai réalisé que j’avais gagné et j’ai dû attendre quelques jours pour comprendre ce qu’il s’était passé.

MTS : Qu’est-ce que ça fait de se dire qu’on est la meilleure d’Europe et la meilleure française de tous les temps sur sa discipline ?

FL : Je ne sais toujours pas ce que ça peut faire. Je suis vraiment contente de cette performance, parce que que l’on ne me l’enlèvera jamais, je serai toujours la championne d’Europe 2018 du 400 mètres 4 nages. Après, je garde les pieds sur terre, car je sais qu’il manquait des nageuses, donc je sais qu’il me reste beaucoup de chemin avant de pouvoir vraiment me dire que je suis la meilleure. Niveau national, c’est différent. On est pas beaucoup de nageuses, donc on ne se bat pas avec beaucoup de personnes. Sur mes distances, je fais parti des meilleures depuis longtemps, donc je réalisais depuis longtemps que j’étais l’une des meilleures nageuses françaises de ma génération.

MTS : La natation française est, depuis plusieurs années, l’une des meilleures du monde. Comment expliques-tu cela ?

FL : Je ne sais pas vraiment. Je pense que c’est un peu comme dans n’importe quoi. A force de persévérance et de volonté on peut arriver à pas mal de chose. Pour moi, je pense que l’on a rien sans l’entraînement. Donc à partir du moment où l’on sait ce que l’on veut et comment l’atteindre, il n’y a plus qu’à s’entraîner dur pour l’obtenir.

MTS : Tu n’as que 23 ans et tu as encore une belle carrière devant toi. Quels sont les objectifs de ta carrière, surtout après ce nouveau statut de championne d’Europe ?

FL : Je n’ai pas très envie de penser trop loin non plus. Je préfère avancer au jour le jour. Pour le moment, j’ai en tête les championnats du monde petit bassin qui seront en décembre 2018 en Chine. Je penserai à mon 400 mètres 4 nages et ce sera au niveau mondiale, donc il y aura donc beaucoup plus d’athlètes qu’au niveau européen, même si les 4 meilleures nageuses européennes ont un excellent niveau. Je veux passer les séries et si je suis en finale je penserai à me rapprocher du podium et ainsi de suite. Je prendrai tout jour après jour. Après, je suis sportive de haut niveau et j’ai toujours dans un coin de la tête le podium olympique, mais j’y penserai plus tard.

Interview réalisée par MyTotalSport, via des questions-réponses par téléphone.