Interview de Benjamin Fall (republication du 03.05.2018)

Benjamin Fall (29 ans), international français et joueur de Montpellier HR, s’est livré à MyTotalSport lors de cette interview. Apprenez-en plus sur sa carrière, sur l’équipe de France, sur sa saison actuelle et sur beaucoup d’autres choses.

MyTotalSport : Vous avez pratiquez plusieurs sports avant de vous tourner vers le rugby. Quels étaient ces sports? Pourquoi et comment avoir choisi le rugby ?

Benjamin Fall : J’ai commencé par faire de l’athlétisme, puis j’ai enchaîné sur le golf. J’ai ensuite fait de la natation pour m’entretenir pendant l’été puisque mes soeurs en faisaient. Je faisais aussi du basket et c’est le père d’un copain qui m’a conseillé d’essayer le rugby. Il m’a dit que ça allait me plaire car je pourrai avoir beaucoup plus de libertés qu’au basket. J’ai fait quelques entraînements et la liberté sur le terrain ainsi que le fait de pouvoir aller au contact m’ont beaucoup plus. Je m’y suis mis rapidement.

J’étais déjà un grand passionné de sport étant petit. Je regardais tous les sports à la télé avec mon père et j’aimais beaucoup me dépenser parce que j’étais un peu hyperactif. J’ai trouvé ma voie et j’en suis très fier.

MTS: À partir de quel moments vous êtes-vous dit que vous vouliez faire ça de votre vie ?

BF : Mon père m’avait dit qu’à partir du moment où j’aurai mon bac je pourrai faire ce que je voudrai par la suite. Le cursus rugbystique et scolaire s’est enclenché très rapidement et ça a plutôt bien fonctionné. J’ai donné le meilleur de moi-même et au fur à mesure de ma progression je me suis dit qu’il y avait peut être quelque chose à faire. En aucun cas je ne me serais projeté dans le rugby étant petit même si j’étais attiré par le sport. Mon rêve, c’était d’être basketteur professionnel. À l’époque, le sport me faisait vibrer et maintenant j’ai une chance inouï de pouvoir faire ça.

MTS : Quel est votre style de jeu, vos points forts et vos points faibles ?

BF : Je joue en équipe. Je suis très axé sur le collectif. Après, c’est toujours délicat de parler de soi, donc je ne peux pas vous dire quels sont mes qualités, mes points forts. Il y a toujours quelque chose à peaufiner. Même si l’on a des points forts, il faut toujours les renforcer et si l’on a des points faibles il faut encore plus les travailler.

MTS : Pendant votre carrière, vous avez connu pas mal de blessures. Comment avez-vous réussi à gérer cela et à revenir ?

BF : C’est l’éducation et le mental que j’ai qui m’ont aidé. Ça a toujours été ma force. Je me suis toujours battu, je n’ai jamais abandonné. Un sportif qui n’a pas de mental et qui abandonne après un coup dur n’est pas un vrai sportif. Tout sportif et compétiteur a une exigence envers soi et il se doit de revenir au top après des blessures ou des moments difficiles. J’en ai connu certains, mais jusqu’à présent j’ai réussi à revenir plus fort. C’est comme ça que je suis, un battant.

MTS : Vous avez connu une longue période d’absence en équipe de France. Comment avez-vous géré cette absence et qu’avez-vous ressenti en étant appelé à nouveau pour disputer la préparation du Tournoi des 6 Nations 2018.

BF : Cet appel m’a reboosté, j’étais forcément le plus heureux. J’ai connu l’équipe de France très jeune et je la connais à nouveau un peu plus vieux. C’est gratifiant et c’est l’achèvement de beaucoup de sacrifices, de beaucoup de travail, de beaucoup de remises en question mentales et physiques. C’est la concrétisation de tout cela. Pour un rugbyman, c’est exceptionnel de pouvoir représenter son pays. Il n’y a rien au-dessus de l’équipe de France donc c’est un aboutissement. Après, le plus dur c’est d’y rester, de continuer à faire de bonnes performances et d’être régulier.

MTS : Comment jugez-vous le Tournoi des 6 Nations 2018 ?

BF : On a réussi à se reconstruire, à redorer le blason de l’équipe de France de rugby qui était un peu bafoué et remis en question ces derniers temps. C’est un tournoi des 6 Nations à la fois satisfaisant et frustrant, car on perd de quelques points sur plusieurs matchs où l’on peut peut-être mérité la victoire. Mais grâce à ces matchs-là, le groupe a énormément grandi et a vécu beaucoup de choses. Ce ne sera que positif pour l’avenir. On sait à quoi s’attendre, on a joué de grosses nations, personne ne nous attendait, on était un groupe en reconstruction et on a joué les uns pour les autres. C’était le plus important. Maintenant il ne faut pas se contenter de ça. Il va falloir encore élever le niveau de jeu pour pouvoir rivaliser, sur la durée, avec les All-Blacks (Nouvelle-Zélande), l’Angleterre et avec les autres nations qui dominent le rugby.

MTS : Que ressentez-vous en portant ce maillot bleu ?

BJ : Je ressens beaucoup de fierté. Comme je vous l’ai déjà dit, c’est l’aboutissement de beaucoup de travail. Il faut le vivre pour ressentir les sensations, mais ce ne sont que de bonnes émotions. On a envie de se défoncer, de mourir sur le terrain pour ce maillot. C’est le combat, c’est le rugby, un sport de contact. De plus en plus de gens suivent le rugby et ils aiment voir des joueurs qui mouillent le maillot plutôt que des joueurs qui se cachent ou qui font le strict minimum. Les gens aime ce sport pour le spectacle, pour l’état d’esprit, pour la proximité avec les supporters. Il y a beaucoup de choses qui plaisent aux gens dans le rugby.

MTS : En 2010, en partant de Bayonnes pour le Racing 92, vous êtes devenu le rugbyman le plus cher de l’histoire. Avez-vous ressenti une pression due à cela ?

BF : Aucunement. J’étais dans ma bulle et j’avais à coeur de montrer que je méritais ces 500’000 Euros que l’on avait mis sur moi. Ca ne s’est malheureusement pas passé comme je l’aurai voulu à Bayonne, j’étais peut-être un peu jeune et je suis peut-être parti trop vite. Bayonne a commencé à descendre au niveau du classement, je commençais à être international et je voulais passer un cap. Le Racing était un peu un choix par défaut, mais je ne regrette pas. Ca a été une aventure superbe où j’ai énormément appris sur moi. Certes, sportivement, cela a été compliqué par moment, mais je ne me suis pas laissé abattre et je me suis donné.

MTS : Durant votre carrière professionnel, vous avez connu quatre clubs. Quelles ont été vos meilleurs et pires expériences ?

BF : J’ai joué dans chaque club à des périodes différentes, j’ai pu voir l’évolution du rugby et l’évolution énorme de chaque club. J’ai commencé à Bayonne quand j’étais jeune, c’était le début du professionnalisme. Ensuite, je suis parti au Racing, c’était l’un des clubs top niveau du Top14 par la suite j’ai signé à Montpellier qui était un autre cran au-dessus. Au fur et à mesure des années et des clubs, il y a rien qui se ressemble. Chaque expérience est unique, il faut en profiter avec les bons et mauvais côtés selon les clubs dans lesquels on est. Si on s’immisce bien dans le contexte du club et de ce que nous demande le coach, on trouve que du positif.

MTS: L’équipe de France est un de vos objectifs avec l’arrivée de la coupe du monde en 2019. La coupe du monde est-elle déjà dans votre esprit ou vous préférez vous concentrez sur la fin de saison avec Montpellier ?

BF: Elle est dans un petit coin forcément mais avant tout, il y a une belle fin de championnat avec Montpellier, il y a la tournée d’été, d’automne, le tournoi des 6 nations de l’année prochaine. C’est encore loin mais si j’ai la chance de pouvoir y participer, ça serait énorme et ça serait un aboutissement d’un palier supplémentaire.

MTS: Comment jugez-vous la saison de Montpellier et qu’espérez vous pour la suite ?

BF: La saison est plutôt positive, on occupe la première place et c’est quelque chose que le coach nous avait demander au début de la saison. On a oscillé en la première et la deuxième place sans descendre à la troisième. On a réussi à être constant, à améliorer notre niveau de jeu, à aller battre des gros à l’extérieur quand il fallait. Maintenant, on va voir si on a les épaules pour aller chercher ce titre qui est tant courtisé par des gros cylindrés. Les autres club se bâtissent depuis des années, nous on est un club tout jeune dans le Top 14, on vient de changer de coach et on a encore pleins de choses à apprendre. On verra ce que la fin de saison nous prédit mais j’espère que du bon !

Interview réalisée par MyTotalSport, via des questions-réponses par téléphone.