Interview de Antony Réa (republication du 24.06.2018)

Antony Réa ou « Wild Thing » est un pratiquant français d’arts martiaux mixtes (MMA). À 41 ans, il compte 35 victoires pour 50 combats et il a accepté de  répondre à nos questions…

MyTotalSport: Vous aurez bientôt 42 ans, mais combattez encore. Comment réussissez-vous à rester en forme, à garder votre longévité ?

Antony Réa: Il n’y a pas vraiment de secrets, j’ai une bonne hygiène de vie et je suis très à l’écoute désormais de mon corps. J’ai la chance d’avoir un centre de préparation physique au top, l’ITEPS à la clinique Occitanie à Muret, non loin de Toulouse. Tout le monde joue le jeu avec le centre : les kinés, les médecins, etc. Tout le monde travaille en collaboration donc on a vite des solutions aux divers traumas et pathologies.

Dans la même logique, j’ai modifié ma manière de m’entraîner, je me concentre plus sur la qualité que sur la quantité. Et surtout, l’envie est toujours présente, je continue à me faire plaisir et à vouloir me « faire mal » aux entraînements, ça reste une part essentielle de l’équation !

MTS: Pouvez-vous nous expliquer votre surnom “Wild Thing” ?

A.R.: Ce surnom vient de mon premier combat de MMA à l’étranger, en 2001 au Canada. J’ai accepté le combat sans trop de préparation, à la base je me rendais à Montréal pour m’entrainer et prendre des contacts. J’affrontais Jéromie Sills, qui fût champion du canada, et j’ai été dominé et malmené en début de combat, nous étions au sol mais j’ai réussi à me relever et quelques secondes après je le mettais KO… Les commentateurs m’ont alors donné ce surnom !

MTS: Avec un palmarès aussi impressionnant en MMA de 50 combats pour 35 victoires est-ce que combattre à l’UFC a été l’un de vos objectifs ?

A.R.: Mon objectif principal a toujours été de me tester contre de bons adversaires, après le nom qu’il y a marqué sur la bâche m’importe assez peu en fait… Je m’attache plutôt à savoir contre qui j’ai combattu que de savoir dans quelle organisation/promotion cela a eu lieu. Certains ont cet objectif pour leur carrière mais je pense qu’on peut s’épanouir sportivement sans passer par l’UFC, à chacun de suivre sa voie ! Pour ma part j’ai combattu sur les 5 continents, remportés des titres dans 4 disciplines et affrontés d’excellents adversaires, sans jamais passer par cette organisation et je me sens complètement épanoui !

MTS: Quels sont les valeurs de votre sport?

A.R.: Avant tout, je tiens à préciser que je suis un pratiquant de Pankido, un art martial moderne et, par choix personnel, j’ai décidé d’aller me tester également dans des combats de MMA, Pancrace ou encore de Pro Fight Karaté.

De manière générale les sports de combats, et en particulier les formes de combat libre, véhiculent des valeurs importantes comme le dépassement de soi, le contrôle de soi, le respect de son professeur /ses coaches et adversaires, la remise en question, travailler dur pour espérer atteindre ses objectifs, etc.

Une personne qui pratique le combat libre avec sincérité possède ces valeurs essentielles… ou alors c’est qu’il n’a rien compris !!!

MTS: Pouvez-vous nous expliquer les règles du Pancrace ?

A.R.: Le Pancrace est une forme de combat libre officiellement reconnue par l’état  et dont il a fait délégation à la Fédération Française de Kick Boxing, Muay Thai et Disciplines Associées (FFKMDA).

D’un point de vue sportif, le Pancrace est proche du MMA avec des percussions debout (pieds, poings et genoux), projections et combats au sol avec soumissions (clés et étranglements). Ce qui différencie le Pancrace avec le MMA à l’heure actuelle est que les frappes au sol sont interdites et les combats se déroulent dans un ring traditionnel et non dans une cage… Pourtant c’est ce qui protègerait le mieux les combattants et préviendrait pas mal d’accidents !

MTS: En quoi consiste une bonne préparation à un combat de Pancrace, les exigences, le rythme, la nutrition ?

A.R.: Une bonne préparation à un combat est un ensemble de choses qui converge vers un seul et même objectif : être prêt pour le jour J. Pour ma part, cela passe par une diète très stricte et une préparation physique bien ciblée à l’ITEPS. Sans oublier bien évidemment les séances de mises de gants, le travail tactico-technique, etc. Là aussi je me suis concentré sur l’optimisation de mes séances, j’ai en réduit le nombre mais elles sont plus de qualité et j’ai d’aussi bons résultats, voir meilleurs, qu’il y a 10 ans en arrière quand je faisais plus de séances ! Il faut encore ajouter à ça les séances de kiné, ostéopathie, cryothérapie, etc.

MTS: Quel a été votre parcours, comment en êtes vous venu à ces arts martiaux ?

A.R.: J’ai toujours aimé les arts martiaux avec les films de Bruce Lee, etc. J’étais plus attiré par ça que des sports plus traditionnels comme le football ou le rugby.

J’ai pratiqué le Judo pendant quelques années durant mon enfance et j’ai assez vite participé à des compétitions. J’ai ensuite stoppé la pratique pour la reprendre à 16 ans avec le Kenpô et ça été une révélation : des percussions, des projections et du combat au sol ! C’était en 1993 et les prémices du combat libre. En 1997 j’ai rejoint le Pankido dont je suis actuellement 4e Dan.

MTS: Comment arrivez-vous à allier votre activité professionnelle et la préparation d’événements comme celui que vous avez organisé très récemment ?

A.R.: Il faut préciser avant tout que je ne suis pas promoteur ! C’est une association/club qui organise les galas mais il est vrais que le projet d’organiser des évènements vient de moi et comme j’ai pas mal de contacts et que j’ai vu pas mal de choses lors de mes combats aux 4 coins du monde, c’est avec plaisir que je les aide et les conseille lors des préparatifs des galas.

Ce n’est pas toujours facile, effectivement, de lier toutes ces activités mais c’est très intéressant et enrichissant d’être des 2 côtés du miroir !

MTS: Vous avez beaucoup combattu en MMA, un sport qui est interdit en France. Aimeriez-vous que la ministre des sports Laura Flessel, ancienne pratiquante de la discipline, autorise la pratique du MMA ?

A.R.: Les combats de MMA ont étés officiellement interdits en 2016, en réaction à un gala de MMA, en cage, qui a eu lieu à Paris un an  plus tôt, en toute légalité. Je place beaucoup d’espoir dans l’observatoire qui a été créé et je pense que toutes les conditions sont réunies pour que le MMA soit enfin officiel en France et que des compétitions puissent avoir lieu ! Le MMA ne présente pas plus de danger que les autres sports de combats, il faut l’encadrer, faire un suivi des combattants, etc. comme cela a été fait aux USA il y a de ça plusieurs années déjà…

Il est prévu que la ministre se prononce sur le sujet en septembre ou octobre prochain, nous verrons quelles sont les orientations et si les choses avancent enfin !

MTS: Pensez-vous que les sports de combat comme le Pancrace, le MMA ou autres, devraient être plus mis en avant, comme le judo par exemple ?

A.R.: Il me semble évident que les sports de combats en général et en particulier les formes de combats libres ne sont pas assez mis en avant dans notre pays ! Le Judo est assez médiatisé, certes, mais on n’est pas non plus au niveau d’autres sports !

Il faut aussi souligner que le CSA interdit la diffusion de combats de MMA pour les chaînes françaises donc difficile de médiatiser un sport sans la télévision ! Et cela a des répercussions sur le Pancrace et les formes de combats libres qui sont parfaitement encadrées en France : Aucune grande chaîne française ne prend le risque de diffuser un gala !

MTS: Est-ce que votre victoire par K.O à Carcassonne vous a ouvert des portes pour des combats plus importants ?

A.R.: Ma prochaine échéance sera effectivement très importante puisque je tenterai d’aller chercher encore un titre en Pancrace, mais chez les poids moyens cette fois ! Ce sera au mois de novembre prochain en région Toulousaine.

Pour ce qui est de recombattre en MMA à l’étranger, je pense refaire un combat avant de tirer ma révérence mais il faut que les toutes les conditions soient au rendez-vous, avec le temps je suis devenu assez exigeant avec les promoteurs 😉

Nous tenons à remercier Antony Réa pour le temps qu’il a consacré à répondre à nos questions ainsi que pour son aide pour les images qui illustrent ce document.

Interview réalisée par MyTotalSport par écrit