Interview de Antoine Hoang

Antoine Hoang, tennisman français de 23 ans, s’est prêté au jeu de l’interview avec MyTotalSport. Le 133e joueur mondial nous a parlé de sa progression, de Roland-Garros, de ses objectifs futurs et de bien d’autres choses.

MyTotalSport : Il y a un peu plus d’un an, tu n’étais même pas dans le Top 300 et tu es aujourd’hui aux portes du Top 100. Comment expliques-tu cette folle explosion au classement, en seulement un an ?

Antoine Hoang : Je ne trouve pas que ça soit une explosion “folle”. Les choses se sont faites assez progressivement pour moi. J’ai d’abord été de plus en plus régulier sur les tournoi Challenger, ce n’est que dans les 4-5 derniers mois que j’ai commencé à aller plus régulièrement au bout des tableaux sur ces tournois là. Le classement suit progressivement et c’est bon signe. Je ne sais pas si je peux vraiment expliquer cette progression, je pense que c’est dû à la régularité que je mets au quotidien avec toute mon “équipe”, mon entraîneur Lionel Zimbler, ma préparatrice physique Audrey Marangon et ma préparatrice mentale Sandrine Chissos. Petit à petit je progresse dans quasiment tous les domaines, je gagne aussi en maturité. Mais je pense que j’ai encore une grosse marge de progression. J’aimerai être capable de progresser plus vite encore pour voir une “explosion folle” comme vous le dites.

MTS : Depuis quelques années, cela se passe plutôt bien pour toi, mais on sait que pour arriver là, c’est des années de galère sur le circuit professionnel. Est-ce que tu as déjà douté, comment gérer ces années plus difficiles ?

AH : Oui bien sûr que j’ai douté, plus ou moins tout le monde doute. Je pense que je suis quelqu’un d’assez réfléchi alors j’ai tendance à beaucoup douter, parfois plus que certains. Certaines fois, ça me joue des tours mais j’essaye de l’accepter tout en travaillant là dessus. Je sais aussi que c’est ce qui me permet de me remettre souvent en question, d’avoir cette envie de chercher à toujours faire un peu mieux à chaque fois et ce qui me fait progresser sur le long terme.

Comment gérer ces années plus difficiles ? Bonne question, je pense que c’est propre à chacun de trouver sa voie et qu’il n’y a pas de recettes miracles. Les problèmes peuvent être nombreux, que ce soit sur le plan tennistique, physique, mental, financier, affectif, motivation… Tout rentre dans la balance. Pour pouvoir être bon sur le terrain, sur la durée d’une saison ou de plusieurs saisons, chacun doit identifier ses problèmes qui le limitent, établir un plan et s’y tenir pour faire sauter les barrières les unes après les autres. Je pense qu’il faut voir ça comme une construction, ça demande du temps et de l’implication pour évoluer.

Antoine Hoang vainqueur au Challenger de Poitiers, en 2018.

MTS : Tu as l’air de beaucoup te servir du côté mental, tu parles beaucoup de cela sur instagram, tu y postes des phrases motivantes. En quoi est-ce si important, est-ce aussi important que le côté technique ?

AH : J’aime bien l’aspect mental, parce qu’il est très important pour moi, peut être plus que pour d’autre. Ce n’est pas quelque chose d’inné chez moi, mais petit à petit je suis en train de faire évoluer certains schémas de pensée qui me limitaient en m’intéressant beaucoup à ce sujet. Mon équipe (citée plus haut) m’aide aussi là-dessus. On travaille tous ensemble, parce qu’on est conscient de l’importance que ça a sur et en dehors du terrain.

Je pense que le mental a un aspect primordial dans le tennis parce qu’il est au centre de tout. Tu ne peux pas conserver une bonne technique, le bon relâchement… si tu ne sais pas gérer tes émotions comme il faut. Penser qu’on peut maîtriser une technique dans chaque situation et se concentrer uniquement là-dessus est complètement utopique. Ca revient à oublier qu’on est des êtres humains et non des “machines” auxquelles on inculque des programmes. Ca serait trop facile… J’aime l’approche globale de ce sport et de la vie qui va avec.

Pour les phrases motivantes et inspirantes, j’adore ça ! J’en lis beaucoup et je suis beaucoup de comptes sur instagram qui partagent des citations. Ca m’aide vraiment à passer à l’action avec le bon état d’esprit, alors je me dis que si ça m’aide, ça peut aider quelqu’un d’autre aussi alors je partage.

MTS : Tu es récemment allé en finale de l’ATP 250 de Montpellier en double, avec Benjamin Bonzi, et tu es classé 240ème en double. Le double, c’est un vrai objectif ou ça reste secondaire, as-tu trouvé le bon partenaire avec Bonzi ?

AH : Pour l’instant j’essaye de me concentrer en priorité sur le simple, parce que je trouve ça très dur de mener une carrière en s’investissant à 100% dans le simple et dans le double simultanément. On est tôt ou tard obligé de faire des choix qui vont porter préjudice à la carrière de simple ou inversement. J’aime jouer le double quand ça peut se faire et que ça ne m’empêche pas de jouer le simple à fond. Depuis tout jeune j’aime le double, j’en ai fait beaucoup quand je faisais des Future (aussi pour des raisons financières), notamment avec Benjamin Bonzi entre autres. On s’entend super bien sur et en dehors du terrain. On est très proches donc c’était super sympa d’atteindre la finale de Montpellier et de partager des moments comme ça avec lui. J’espère qu’on sera amené à rejouer ensemble parce que ça a l’air de fonctionner.

Benjamin Bonzi et Antoine Hoang avec le trophée de finaliste du double à l’ATP 250 de Montpellier.

MTS : La saison sur terre battue arrive à grand pas, avec en ligne de mire Roland-Garros. Sais-tu déjà ce qu’il va se passer à Roland ?

AH : Pour une éventuelle Wild Card à Roland-Garros, on aura la réponse un peu avant le tournoi. Ca me ferait très plaisir de l’avoir, c’est certain, parce que c’est un tournoi qui fait rêver et que c’est pour ça qu’on joue. Maintenant, la décision ne vient pas de moi, alors je verrai bien. Je vais me concentrer sur ce que j’ai à faire, tout faire pour bien jouer, avoir des bons résultats d’ici là et bien préparer la saison sur terre battue. Mon programme pour la terre battue commencera sûrement avec une période d’entraînement à priorité physique, puis les challengers de Bordeaux, Aix-en-Provence (où je m’entraine), mais je dois confirmer ça plus précisément avec mon staff.

MTS : Tu te trouves quelque peu avec un niveau qui se situe entre les tournois Challenger et ATP. Comment vas-tu gérer cela cette saison, quels tournois vas-tu privilégier ?

AH : Oui, je suis dans un niveau intermédiaire. Je suis plus habitué aux Challenger et j’essaye petit à petit de faire de plus en plus de tournois ATP. Je sens que je ne suis pas si loin de ce niveau là et en même temps, j’ai toujours des choses à améliorer pour rivaliser avec les meilleurs. Pour cette saison j’estime que je suis toujours en phase d’apprentissage. Je vais donc organiser ma saison pour progresser et prendre de l’expérience, plutôt que de me focaliser sur le classement. Je vais me laisser des semaines pour m’entrainer, notamment physiquement, car c’est un des objectifs que l’on a mis en priorité. Ensuite, je vais essayer de faire de plus gros tournois quand je peux, pour prendre de l’expérience. Je pense que ma saison sera assez variée et c’est sympa. Je ne vais pas m’ennuyer !

Le joueur de 23 ans va varier les tournois et jongler entre tournois ATP et Challenger.

MTS : Quel est le meilleur tournoi que tu aies disputé (ambiance, acceuil, niveau…) ?

AH : C’est difficile de n’en dégager qu’un. Chaque tournoi est singulier et j’ai des souvenirs différents partout. J’ai quand même une préférence pour les tournois français, pour l’ambiance, le soutien et le partage avec le public, les échanges avec les bénévoles… J’ai de supers souvenirs à Orléans, Rennes, Montpellier pour ne citer qu’eux.

MTS : Tu as jouer contre quelques joueurs qui sont annoncés comme futurs grands, comme Auger-Aliassime, Tsitsipas, De Minaur, Ruud ou Munar. Lequel t’as le plus impressionné, lequel va devenir le plus grand joueur ?

AH : C’est difficile à dire et je suis pas très bon pour les pronostics, alors je vais éviter de trop me prononcer sinon ça va leur porter malchance lol :p. Felix Auger-Aliassime est le plus jeune, il a une super qualité de frappe, notamment en coup droit et service. Il a aussi une super mentalité, une maturité étonnante au vu son âge et il est déjà bien structuré. Je pense qu’il aura un très bel avenir dans le tennis. C’est ce que je lui souhaite en tout cas, parce que c’est vraiment une super personne en dehors du terrain.

MTS : On voit, avec tes récentes performances, que tu es très proche de battre de gros joueurs, tu as notamment piqué un set à Simon. Qu’est-ce qu’il te manque pour battre ces gros joueurs régulièrement ?

AH : Je pense que j’ai un jeu assez agressif qui peut poser des problèmes à pas mal de joueurs quand je joue bien. J’ai encore une belle marge de progression physique et mentale. Il faut aussi que je gagne en constance en service. Si j’améliore mon niveau de jeu général, je pense que je serai en mesure de battre ces joueurs.

MTS : Tes objectifs ont dû être vu à la hausse depuis un petit moment. Quels sont-ils aujourd’hui ?

AH : Pas vraiment à vrai dire. J’ai toujours l’objectif d’intégrer le Top 100 cette année et tant que je l’ai pas atteint, je vais me raccrocher à ça. Je suis plutôt du genre à garder le même objectif tant qu’il n’est pas atteint avant de passer à autre chose. Après, j’ai quand même une vision à plus long terme dans un coin de ma tête. Quand j’aurais atteint cet objectif (le Top 100), je saurai m’en fixer des nouveaux. Je ne me fais pas de soucis pour ça, chaque chose en son temps.

Antoine Hoang concentré au retour, lors du Challenger de Rennes.

Merci beaucoup à Antoine Hoang qui a pris le temps de répondre à nos questions. Nous lui souhaitons de continuer à grimper au classement et de réaliser ses futurs objectifs !

Interview réalisée par questions-réponses à l’écrit.

Photos : Instagram du joueur (@antoinehoang1995)