Interview de Amos Youga (republiction du 11.12.2017)

Le Havre est dans la course à la montée en Ligue 1 et le doit en partie à un joueur très important de son effectif. Ce joueur, c’est Amos Youga, milieu défensif très utilisé par son entraineur qui apporte beaucoup de solidité à son équipe. Voici son interview !

TotalSport : Bonjour Amos, merci de nous accorder cette interview. Pour commencer, bravo pour ton début de saison avec Le Havre !

Amos Youga : Bonjour. Merci. Nous avons eu un petit coup de moins bien pendant quelques temps, mais là on revient bien. On est maintenant 4e et nous n’avions pas perdu pendant 6 matchs. Pour la montée, il faudra perdre le moins de points possible et être les plus réguliers pour être récompensés.

TS : Quels sont les joueurs qui t’ont le plus inspiré et donné envie de jouer au football dans ta jeunesse ?

AY : Etant milieu de terrain, Paul Scholes m’a beaucoup inspiré. Je suis un grand fan de Manchester United. A l’âge où je pouvais comprendre le football, c’est Manchester United qui régnait sur l’Europe, notamment avec leur sacre sur le Bayern en Ligue des Champions avec les fameuses 2  dernières minutes en 1999. Par la suite c’est Van Nistelrooy qui m’a inspiré. C’est un joueur que j’ai toujours admiré même si je ne suis pas attaquant.

TS : Du coup, l’équipe dans laquelle tu rêverais de jouer ça serait Manchester United ?

AY : Oui bien sûr. Dans mes rêves les plus fous, j’aimerais jouer à Old Trafford.

TS : On sait que tu es milieu défensif, peux-tu nous décrire ton jeu ?

AY : Mon jeu est plutôt basé sur la combativité. Je suis quelqu’un d’imposant (187 cm, 90 kg), donc je m’en sert. Dès que je peux mettre de l’impact, je ne m’en prive pas. Après, je fais ce que le coach me demande, mais je ne vais pas commencer à faire des râteaux ou des flip-flaps. Mais je suis quand même un joueur de ballon, Je suis dans le monde pro depuis 4-5 ans donc je sais quand même me servir de mes pieds.

TS : Tu es le frère de Kelly Youga, ça a été une source de motivation et d’inspiration d’avoir un grand frère footballeur professionnel ?

AY : Evidemment, surtout que lorsque j’étais petit, lui était à l’OL. A cette époque là c’était le grand OL, celui qui terrassait tout le monde. Kelly gravissait les échelons et s’entrainait même avec les pros. Mon frère ça a toujours été une source de motivation et même aujourd’hui,  bien qu’il joue en CFA c’est un bosseur et il lâche rien. Je pense qu’il a pas eu la carrière qu’il méritait. Je l’ai vu se donner à fond, mais les blessures l’ont tué.

TS : Qu’est ce qui t’as manqué pour passer pro à l’OL ?

AY : Ce qui m’a manqué c’est les années de formation à l’OL. Il faut savoir que je n’ai pas été formé là-bas, j’ai juste joué en U13 avant de revenir avec la CFA. Quand je suis arrivé en CFA, j’arrivais avec un peu de retard sur ceux qui avaient été formé à Lyon. Et puis, arrivé en CFA, j’étais un peu attentiste, dans le sens. où, étant de Lyon je me contentait de jouer à l’OL. Je n’ai pas fait plus et je ne me suis pas fait assez violence. Après c’est dommage, car ayant grandi avec l’Olympique Lyonnais, le top ça aurait été de signer en pro avec eux. Maintenant, ce n’est pas parce qu’on signe pas en pro à Lyon que l’on peut pas faire carrière ailleurs. J’en garde que du positif, j’ai pris ce qu’il y avait à prendre à Lyon et ce passage m’a permis d’avoir un pied dans le monde du football.

TS : Est-ce que ça serait possible qu’un jour tu (re)signe à Lyon ?

AY : Si l’OL me propose un contrat, bien sûr que j’y vais. C’est le club avec lequel j’ai grandi et c’est le club où vit toute ma famille. Maintenant, l’avenir nous le dira, mais je n’ai pas trop de doutes sur le fait que je ne vais pas aller à Lyon. De toute façon, je pense que si j’ai le choix, je partirais plus à l’étranger plutôt que de rester en France.

TS : Tu es ensuite partit à l’OC Vannes, on sait que beaucoup de joueur de ta génération sont aussi passé par là-bas et ont percé. Quel est le secret de ce club pour faire percer ses joueurs ?

AY : Il n’y a pas vraiment de secret. De plus, au final, on se dit qu’avec une bonne équipe de  très bons joueurs (Lawson, Hendrick, Thomasson…) on est quand même descendu en 2013-2014. Il y’en a eu d’autres de bons joueurs dans cette équipe (Dufrène, N. Kodjia, Aguemon…), on se dit qu’on aurait pu jouer le maintient ou même le haut de tableau, mais au final, on est descendu, la mayonnaise n’a pas pris. Vannes est un bon tremplin, beaucoup de joueurs pro y sont passé, dont Benoit Costil. C’est un bon club, une petite ville tranquille et il y a de bonnes infrastructures. Vannes n’a rien à envier aux clubs de Ligue 2 pour les installations. Ils ont un vrai centre d’entrainement, c’est par exemple bien mieux que ce que j’ai connu au Gazélec. De plus, au niveau des jeunes, ils ont de bons résultats.

TS : Tu as été un acteur important de la montée du Gazélec en Ligue 1 en 2014. Quels étaient les sentiments qui t’ont parcouru quand tu es monté ?

AY : Franchement, que du bonheur ! Quelques années avant j’étais en amateur, je travaillais de gauche à droit et bien sûr que je rêvais encore d’être footballeur, mais je me disais : “Travail, attends de voir.” Et quand 4 ans après je me retrouve à pouvoir monter en Ligue 1, tu te dis que t’es chanceux et que tu n’as pas bossé pour rien, que les efforts ont payé. Cette années là, nous avions un effectif nouveau, mais avions aussi un très grand coach, en la personne de Thierry Laurey (actuellement au SC Strasbourg). Il nous a “fait chier” pendant une année, évidemment (rires), mais avec du recul, on voit que c’est un grand tacticien. Il sait ce qu’il fait, est beaucoup sur la réflexion, sur l’analyse de l’équipe adverse et ça nous as beaucoup aidé. En plus, on avait un bon groupe avec des anciens (Pujol, Ducourtioux, François…) qui nous encadrait bien nous les jeunes. Nous les jeunes, avions faim. Certains sortaient du monde amateur, d’autres de clubs pros, donc on était revanchards et c’est ce qui a fait que la mayonnaise a bien prit et qu’on a fini promu.

TS : Tu as goûté à la Ligue 1 avec le Gazélec, Peux-tu nous dire les différences qu’il existe entre la Ligue 1 et la Ligue 2 ?

AY : Il y a un grand fossé ! J’ai entendu plein de gens me dire que la Ligue 2 est plus difficile que la Ligue 1. Ca n’a vraiment rien à voir. D’ailleurs, à l’heure d’aujourd’hui dans notre championnat, l’équipe la mieux armée pour la Ligue 1, c’est Lorient. Ils ont une grande qualité technique dans les derniers mètres et produisent énormément de jeu. En Ligue 1, les gars sont prêts techniquement. Ils jouent simple, vite et c’est très intense. Lors de mon année de Ligue 1, je m’étais blessé 3 fois dans la saison. Après, je ne sais pas si c’est moi qui me suis mal géré, mais c’est un fait. La Ligue 1 demande beaucoup d’efforts, surtout qu’en France, on veut que tout le monde défende. C’est aussi dans la préparation, chaque équipe de Ligue 1 a un fond de jeu, contrairement à plusieurs équipes de Ligue 2. Même dans les équipes de bas de tableau, il y a de sacrés joueurs. Donc oui, il y a un grand fossé.

TS : Avec le Gazélec en Ligue 1, tu avais affronté l’OL et battu ton ancien club 2-1 en décembre 2015. Forcément une belle revanche ?

AY : Oui, bien sûr. Ca fait toujours plaisir de battre un club par lequel je suis passé et où ça s’est “mal terminé”, car je n’avais pas eu de contrat. Après, ça me faisait plaisir de jouer contre Lyon car c’est un gros club français. De plus, j’avais face à moi plusieurs ex-coéquipier avec qui j’ai été formé. Donc évidemment, ça m’a fait plaisir de battre l’Olympique Lyonnais. Après, une revanche, non ! Il y avait eu 3 ans entre Lyon et la Gazélec, donc la pilule était passée.

TS : Tu vas cette saison jouer la montée avec Le Havre. Pourquoi Le Havre va monter en Ligue 1 à la fin de la saison ?

AY : On a une équipe qui joue bien au ballon, on essaye de développer du jeu. On est une équipe jeune qui met de la vie quand on joue. Au niveau de l’histoire, Le Havre, c’est le club doyen, donc ça serait bien que Le Havre se retrouve dans l’élite. Au niveau des infrastructures, on a rien à envier à un club de Ligue 1, on a tout pour bien bosser. On a aussi des joueurs qui méritent de jouer à ce niveau dans notre équipe. Voilà pourquoi on devrait être en Ligue 1.

TS : Un petit mot sur ta sélection nationale, la République Centrafricaine. C’est une fierté de jouer avec cette équipe, même si tu es né en France et pas là-bas ?

AY : Oui, bien sûr. Je suis  très content d’honorer les couleurs du pays de naissance de mes parents. Quand j’y vais, c’est vraiment un second souffle. On revoit des personnes qu’on ne voit pas tout le temps, y’a une bonne ambiance, tout est différent. Il faut savoir que les ambiance européennes ne sont pas les mêmes qu’en Afrique. En plus, ça nous permet de découvrir des pays, de rentrer voir nos proches qu’on a pas l’habitude de voir. Et puis c’est une fierté de pouvoir dire qu’il y a une équipe en Centrafrique. On veut prouver au gens que, bien qu’on soit une petite nation, on a des joueurs, une équipe de qualité et que tôt ou tard on participera à notre première compétition internationale.

TS : Merci beaucoup !

AY : Merci à vous !

Interview réalisée par TotalSport, via des questions-réponses à l’oral.

Photos tirées du site du HAC (Le Havre).